Dans
un reportage radiodiffusé le lundi, 02 Novembre 2020 et signé par un journaliste
de Radio Ndéké-Luka, la question des députés
qu’on qualifierait aisément de prostitués politiques, ceci du fait qu’ils
migrent d’un parti à un autre au gré de leur besoin ventripotent, assurés par des
propositions financières qui leurs sont généralement faites par les
responsables politiques les plus offrants dont le pouvoir en place, a refait
surface.
En
effet et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en Centrafrique aujourd’hui,
rares sont les partis politiques qui peuvent se venter d’avoir pu offrir à
notre jeune démocratie au courant de ces vingt dernières années, des élus,
hommes et femmes responsables, à mêmes capables de légiférer sur des questions
urgentes et brulantes de droit commun, de justice, et de grand intérêt pour les
centrafricains.
Si
dans un passé pas très lointain, l’on se souvient encore de la scandaleuse affaire
Koudoufara sous le régime MLPC de l’ancien et défunt Président Ange Félix
PATASSÉ à l’époque, il faut cependant reconnaitre que la 6e
législature actuelle sous le régime du Président TOUADERA, aura battu jusqu’ici
tous les records en matière de corruption des députés, favorisant par
conséquent la prostitution politique au
sein de notre jeune parlement bicaméral.
Aujourd’hui
encore et à quelques semaines des élections groupées du 27 Décembre prochain, les
centrafricains assistent honteusement à
divers mouvements migratoires des députés mendiants, ceux-là qui quittent leur famille
politique d’origine pour rejoindre la famille parlementaire du Président
TOUADERA, le MCU, ou encore bien d’autres partis politiques en évoquant parfois
des prétextes fallacieux. C’est ainsi que, et aussi étonnant que cela puisse
paraitre, l’UNDP de Michel AMINE, 1er
Groupe parlementaire majoritaire à l’assemblée nationale au lendemain des
élections de 2015 avec 14 députés, a
perdu douze(12) députés dont sept (07) ont rejoint le parti Kwa Na Kwa de l’ancien Président François
BOZIZE, deux(02) autres, le parti URCA d’Anicet Georges DOLOGUELE, et les cinq(05)
derniers députés sont allés grossir les rangs du PAD et celui des parlementaires
de la majorité présidentielle acquise au MCU.
Certains
partis comme le KNK ont vu ainsi doublé le nombre de leurs députés, tandis que
d’autres n’ont carrément plus à ce jour de groupe parlementaire à l’assemblée, les
députés étant presque tous partis. C’est le cas par exemple du PATRIE de Me
Crépin MBOLI-GOUMBA ou du RPR d’Alexandre Ferdinand N’GUENDET.
(Lire l'article aussi https://www.radiondekeluka.org/actualites/politique/36225-centrafrique-des-deputes-changent-de-camps-a-l-assemblee-nationale.html)
Même
les partis qu’on croyait pourtant aguerris en politique ont été victime de ce désastre. L’URCA par exemple a perdu deux(02) députés
dont l’un serait le suppléant de DOLOGUELE,
et qui ont rejoint le parti MOUNI de KAMACH, le MLPC de ZIGUELE va perdre lui
aussi un député qui va se retrouver dans le bateau MCU, tout comme le RDC de
Désiré KOLINGBA dont cinq des députés exclus du partis vont aller grossier le
rang des parlementaires MCU contre espèces sonnantes et trébuchantes. Autant le
dire donc, les députés une fois qu’ils sont élus, se vendent généralement comme
des petits pains, et parfois à des prix dérisoires. On parle de 150.000 frs, 200.000 frs, et parfois à coup de
centaines de mille pour ceux qui rejoignent le clan de la majorité
présidentielle MCU, puisque de sources bien introduites, l’argent sortirait du trésor public centrafricain pour
aller corrompre et acheter ces députés affamés.
Cette
pratique politiquement macabre pour la nation, il faut le dire à haute voix à
défaut de le crier, empoisonne sérieusement le paysage politique centrafricain,
fait gravement régresser la démocratie, et cause un tort irréparable aux partis
politiques dont l´apport au développement de notre pays
à travers leurs élus est indispensable, et cela peut s’avérer être très dangereux.
Michel AMINE par exemple, Président du parti UNDP alertait
déjà l’opinion en novembre 2017 au
travers d’une lettre ouverte contre ses députés à l’époque majoritaires à l’assemblée,
condamnant leurs attitudes et comportements devenus hostiles à la vie du parti,
puisqu’il faut le rappeler, ces derniers une fois élus sous la bannière de l’UNDP,
ont totalement tourné le dos à ce parti au profit de leurs propres intérêts, ne
payant ainsi plus les cotisations conformément aux engagements qu’ils avaient pris,
et qui étaient de verser seulement 10% de leurs revenus mensuelles dans les
caisses du parti UNDP afin de faire fonctionner celui-ci, et de contribuer
ainsi à l’animation de la vie politique
du parti. AMINE reprochait aussi à ces députés aujourd’hui dispersés dans d’autres
partis politiques, le fait pour eux de n’avoir jamais été capable, et dans l’intérêt
du peuple qu’ils prétendaient représenter, de faire une proposition de loi dans
l’intérêt de celui-ci. Voila pourquoi l’homme de la Révolution Verte demandait
alors clairement à ces députés, de démissionner s’ils ne pouvaient plus honorer
à leurs engagements vis-à-vis, et du parti, et du peuple Centrafricain.
Une
interpellation de l’époque qui donne aujourd’hui raison à Michel AMINE, et nous force même encore à nous
demander si certains députés aujourd’hui, prennent souvent le temps de lire les
textes qui régissent le fonctionnement d’une assemblée telle la notre, où de
savoir au moins pourquoi ils sont élus députés, et quelles sont leurs
prérogatives. Et si la République Centrafricaine
est devenue aujourd’hui le pays où des groupes armés étrangers viennent
s’installer sans inquiétude, puis piller, violer, massacrer, et enlever la
population, c’est aussi du fait du laxisme des élus du peuple qui ne jouent pas
leurs rôles, parce que trop occupés à s’enrichir.
Constat
triste, vraiment triste, mais il faut cependant reconnaitre qu’au rang des
coupables et instigateurs de ce fléaux totalement anti-démocratique, il y a le régime actuel qui détient la caisse publique,
et n’hésite pas pour ses intérêts personnels, c'est-à-dire qui n’ont rien avoir
avec celui des centrafricains, de se servir à volonté afin de corrompre et détourner
ces députés de la nation leurs missions
originelles, et qui est de servir le peuple qu’ils représentent. Plus encore, et
toujours au rang des coupables, mais qui, cette fois sont ceux qui laissent
faire, on peut citer la Cour Constitutionnelle, cette institution dont l’un des
rôles majeurs est de vérifier si les lois adoptées par le Parlement soient conformes aux dispositions de la Constitution. Nous faisons clairement allusion ici à cette loi proprement anticonstitutionnelle et votée il y a quelques années,
faisant des députés « démissionnaires » de leurs partis, des députés dits de la
« nation ». Au nom de la non-conformité, la Cour Constitutionnelle
peut pourtant se prononcer avec fermeté, ceci afin que nos députés cessent d’être des mendiants
à la solde des régimes qui se succèdent, et travaillent à offrir au pays des lois qu´il mérite.
D’ailleurs, la fonction de la Cour, il faut le
rappeler, est inamovible et ne dépend pas du bon vouloir du pouvoir exécutif,
même lorsque ce sera lui qui en nommerait les membres. L´indépendance de la
fonction de la cour est donc sacrée et elle a intérêt de veiller à ce que des
lois farfelues et délibérément orientées ne soient pas prises pour servir des
intérêts inavoués des individuels comme c’est le cas en ce moment, plutôt que de notre peuple souverain.
Bientôt une fois encore, avec ces élections du 27 décembre,
notre pays comptera sa 7eme législature,
et il faut craindre que le fléau aille de mal en pis, surtout s’il advenait que
l’homme du 30 mars 2016 soit reconduit à la tête du pays. Il est donc temps que
cela cesse, puisqu’elle dessert notre pays, et met en péril notre jeune démocratie.
Que ceux qui sont sensés faire changer ce genre de
pratique nauséabonde pour la démocratie en Centrafrique, puisse faire leur
boulot, ils doivent agir sans trembler !
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Pour Vox Populi 236
Annie Gisèle TEKPA