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lundi 19 octobre 2020

LA FEDERATION DE RUSSIE FAIT DON DES VEHICULES BLINDES DE RECONNAISSANCE ET DE PATROUILLE A LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE.

Le Président de la République, Son Excellence Pr Faustin Archange TOUADERA a réceptionné dans la matinée du 15 septembre dernier 1O véhicules blindés des Forces Armées Centrafricaines offerts par la Fédération de la Russie.

Les Présidents Centrafricains et Russes

La cérémonie de cette remise de don s'est déroulée sur le tarmac de l’aéroport Bangui M'Poko en présence de l'Ambassadeur de la Fédération de la Russie en Centrafrique, Son Excellence M. Vladimir TITORENKO. Dans son discours de circonstance, le diplomate russe, Vladimir TITORENKO a fait savoir que les blindés offerts ont servi à remporter des centaines de victoires et à rétablir la paix dans plusieurs pays. Ces blindés, dit-il, permettront à l’armée centrafricaine de devenir plus efficace et opérationnelle face à ceux qui ne veulent pas la paix. « Ceux qui ne veulent pas la paix en RCA seront arrêtés ! Nous voulons ramener la paix en République centrafricaine », a-t-il martelé.

Pour le diplomate russe, cette dotation marque une nouvelle page dans l’histoire des relations bilatérales entre son pays et la République Centrafricaine. La livraison de ce matériel lourd est une grande contribution pour le renforcement des capacités opérationnelles des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Selon ce dernier, ces blindés permettront à l’armée centrafricaine de rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Le diplomate russe a affirmé que ce don est le fruit d'une diplomatie agissante menée par le Président TOUADERA, notamment lors de sa récente visite à Moscou.

Les véhicules Blindés.

Ce déplacement il faut le souligner, a permis au numéro Un centrafricain de rencontrer le haut commandement militaire de la fédération de Russie. L’Ambassadeur Vladimir TITORENKO a réaffirmé l’intention de la Fédération de Russie de continuer à soutenir la reconstruction des Forces de Défense et de Sécurité de la République Centrafricaine, sans oublier la consolidation de la paix dans le cadre de l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation du 06 février 2019. Il a ajouté qu’un certain nombre d’accords bilatéraux économiques sont en cours d'examination.

La validation de ces accords, poursuit-il, renforcera la coopération bilatérale entre la Russie et la République Centrafricaine. Monsieur Vladimir TITORENKO a rassuré que les relations russo-centrafricaines s’inscrivent dans un partenariat stratégique. Les deux pays continueront à renforcer la coopération bilatérale dans plusieurs domaines afin d’établir une paix durable sur l’ensemble du territoire de la République Centrafricaine.

Faisant face au micro de la presse, le Président de la République Son Excellence Professeur Faustin Archange TOUADERA a affirmé que l'offre de ces blindés est un grand appui à l’armée nationale pour le rétablissement la paix et de la sécurité après la crise militaro-politique que la République Centrafricaine a connue.

Ce matériel permettra aux Forces Armées Centrafricaines de mener à bien leurs missions, notamment la protection des institutions de la République et des frontières du pays. Il a saisi l’occasion pour remercier au nom du peuple centrafricain le gouvernement russe pour ce don qui est un atout nécessaire dans la mise en œuvre du Plan National de Défense.

Etiquettes visibles sur les véhicules blindés

Rappelons que ce sont 10 blindés BRDM sur 20 qui sont arrivés sur le tarmac de l’aéroport Bangui M’poko. La livraison des 10 derniers blindés aura lieu dans quelques jours. Presque 100 officiers des Forces Armées Centrafricaines se rendront dans quelques jours en Russie pour des formations aux écoles de Guerre, de l'Etat major, d'Infanterie, de la Magistrature militaire et du Génie civil.

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Pour Vox Populi 236

Annie Gisèle TEKPA


dimanche 4 octobre 2020

CENTRAFRIQUE : UN PAYS IMMENSEMENT RICHE ET VICTIME DE SES PROPRES RICHESSES.

La République Centrafricaine dont l’histoire remonte à plusieurs siècles avant la colonisation, fut annexée au 19ème siècle par la France qui l’appela Oubangui-Chari. Elle demeura colonie française jusqu’au 1er décembre 1958, date à laquelle elle prit le nom de République Centrafricaine. 

Monument Barthélémy BOGANDA à Bangui

Deux ans plus tard, elle devint « libre » par la proclamation de l’indépendance le 13 août 1960. Elle eut comme premier dirigeant un prêtre nommé Barthélémy Boganda qui disparut dans un attentat d’avion derrière lequel plane l’ombre des mains coloniales. 

L’histoire de la RCA est marquée par la colonisation, de nombreux coups d’Etats, la rébellion de la Séléka, et surtout par la mal gouvernance. Sa population vit dans la misère et pourtant c’est un pays riche en fleuves, en sous-sol très précieux, en terre naturelle et fertile.

A considérer sa relation avec l’ancienne métropole, tout porte à croire que pour la France, la RCA n’est que sa propriété privée, et tout le territoire centrafricain son grenier qu’elle voudrait gérer comme bon lui semble. Des règles d’exploitation ont parfois dans ce pays été transcrites en lois.

Depuis son indépendance, à chaque fois, un petit groupe de gouvernants soutenu par l’ancien colonisateur et dont les intérêts sont satisfaits en contrepartie, s’enrichit inexorablement au dépens de la grande majorité de la population. Ainsi, l’injuste redistribution des biens s’enracine toujours très fortement.

La nouvelle équipe dirigeante issue des élections de décembre 2015,  et conduite par le Président Faustin Archange TOUADERA en fin de mandat, n’aura pas su relever les défis du pays, principalement  ceux liés à la sécurité et au développement. Ce faisant, la désapprobation de la politique actuelle du régime  est visible au sein des populations.   

Et pourtant, la Centrafrique est un pays immensément riche, ou coulerait le lait et le miel si nous étions aux époques anciennes.

1. Position géographique très stratégique…

Comprise entre le Tropique de Cancer et l’Equateur, 7° Nord et 21° Est, la Centrafrique se trouve au cœur du continent africain, une position géostratégique centrale. Ses pays frontaliers sont: le Tchad au Nord, le Congo Démocratique et le Congo Brazzaville au Sud, le Soudan et le Sud Soudan à l’Est, et le Cameroun à l’Ouest.

Un pays au cœur de l'Afrique.

Nonobstant sa très vaste superficie (623.000 Km2),  c’est-à-dire plus grand que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest réunis en un seul, un peu plus grande que la France (547.030 km2),  et le double de l’Italie (301.277 km2), la Centrafrique compte seulement environ 5 millions d’habitants poussés au maximum. Bien qu’elle soit située à plus de 700 km de la mer, le territoire a la chance d’être irrigué par une centaine de ruisseaux et une dizaine de fleuves parmi lesquels le Logone et le Chari qui sont les principaux qui se déversent dans le lac Tchad. Par contre la Sangha et l’Oubangui, navigables en saison des pluies, assurent les échanges commerciaux avec les deux Congo (Kinshasa et Brazzaville). Les précipitations sont abondantes, en moyennes 1.343 mm3 c’est-à-dire 836,66 km3, presque deux fois plus que la valeur moyenne en France (477,99 km3). Cela fait que la quantité d’eau disponible par habitant en un an est très élevée: 37.000 m3. Si le centre présente un climat humide et la prévalence d’une savane herbeuse, l’extrême Sud au contraire a un climat de type équatorial avec la présence de la forêt équatoriale. Ses divers parcs nationaux tels que «Bamingui-Bangoran» et «Dzanga-Sanga» offrent un spectacle unique où l’on peut admirer diverses espèces d’animaux. Si le Nord-est accueille la plus grande concentration d’hippopotames au monde, les parcs nationaux «André-Félix» et «Manovo-Gounda Saint Floris» par contre sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

2. Un Pays riche en Diamant et or…

La Centrafrique est un pays diamantifère. Les principales zones de production sont le Sud-ouest, le Nord-ouest et le Centre. Aujourd’hui on sait que tout le territoire centrafricain est comblé de diamants et or, et du point de vue de la qualité du diamant qu’on peut extraire, la RCA occupe le quatrième rang de la classification mondiale des pays producteurs. La production des diamants alluvionnaires de qualité optimale (diamants de joaillerie) offre environ 500 000 carats brut par an. 

Les diamants de Centrafrique.

Le chiffre officiel publié doit être toujours doublé ou triplé à cause de la contrebande parles groupes armés dans ce secteur. Le diamant et l’or centrafricains ont enrichi seulement les gouvernants et leurs associés, alimentant divers groupes armés qui ont ensanglanté le pays. 

C’est justement pour cette raison que, tout de suite après le coup d’Etat de mars 2013, la République Centrafricaine fut immédiatement suspendue du «processus de Kimberley».

3. Centrafrique, pays d’uranium et de pétrole…

Dans les années 60, un gisement de bauxite fut découvert à Bakouma, à 900 km au Nord-est de la capitale Bangui. La République centrafricaine serait en possession d’environ 20 000 tonnes de réserves d’uranium, selon le dernier rapport du salon international des mines, des carrières et du pétrole (SEMICA) tenu en Centrafrique du 27 au 29 Février 2020. Et pour rappel, le groupe nucléaire français Areva avait signé en Août 2008 avec l’ex Président Bozizé, un contrat de 18 milliards de francs CFA (27 millions d’euro) pour une durée de 5 ans. Par ailleurs, un important gisement de pétrole se trouve au Nord à Gordil, à la frontière avec le Tchad. 

Minerais de Centrafrique.

Les premiers puits furent creusés dans les années ’80, sous le régime du Président Patassé, par les compagnies pétrolifères américaines telles que «Grynberg RSM» du milliardaire américain Jack Grynberg. En 2012, le Président Bozizé concéda l’exploitation de certains gisements aux Chinois de la «China National Petrolum Corporation». D’autres sites pétrolifères identifiés au Nord sont: Bagara, Doseo, Salamat et Doba/Bango. Selon les experts, 5 milliards de barils de pétrole son présents dans le pays.

4. Agriculture, élevage, bois…

Le potentiel des terrains centrafricains est estimé à 15 millions d’hectares de terres arables. Et 80% de la population vit des travaux liés à la terre et à l’agriculture qui représente 50% du PIB. La terre est naturellement fertile, ouverte à toutes les cultures, et produit café, coton, tabac, cacao, huile de palme, caoutchouc, canne à sucre, riz, thé, piments. D’autres produits sont: manioc, mil, arachide, sésame, patate douce, tarauds, igname, banane, orange, citron, ananas, papaye, pamplemousse, goyave, pastèque, et d’autres verdures et fruits. Les gens vivent de la petite chasse, pêche et élevage. En 2009 il y avait environ 15 millions de têtes.

Agriculture Centrafricaine.

Concernant le bois, outre l’existence des essences de qualité telles que l’ébène et l’acajou, le bois de construction est un des produits d’exportation. La forêt centrafricaine couvre une superficie de 3,8 millions d’hectares et s’étend jusqu’au Cameroun, Congo Brazzaville et Congo Démocratique. La forêt Centrafricaine est  la seconde plus grande forêt après celle de l’Amazonie, et constitue le poumon mondial à sauvegarder. Malheureusement, cette ressource est l’apanage des sociétés étrangères.

En effet, selon un article de Daniele Bellocchio, un rapport intitulé «Legno insanguinato» (Bois ensanglanté), on découvre comment l’Europe a aidé à financer la guerre en RCA sur trois aspects principaux: 1. les échanges commerciaux ; 2. les importations illégales et troisièmement, les donations. On lit dans l’article que trois entreprises: la Sefca à capital libanais, la Ifb d’origine française et la Vicwwood chinoise, ont payé les rebelles pour exploiter de façon illégale le territoire de la République Centrafricaine.

Elevage en Centrafrique.

De l’analyse du rapport, il ressort que 59% des exportations du bois centrafricain sont envoyés vers l’Europe, mais que l’argent versé serait utilisé aussi pour acheter des armes, payer des péages et enrôler des gardes privées. Tout compte fait, la surabondance des richesses naturelles de la Centrafrique ne profite pas aux fils du pays qui croulent dans la misère.

5. Des populations multiethniques, mais unies par une langue nationale : le Sangö

En République Centrafricaine, il y a environ 80 ethnies diverses réparties en trois groupes principaux : les groupes provenant de la forêt, celles provenant de la savane et celles étendues le long des fleuves.

Parmi les plus importants, d’Est à Ouest il y a: Zandé et Nzakara, le groupe Ngbandi (Sango et Yakoma), le groupe Gbanziri-Sere (Ngbaka-Mabo, Modjombo, Gbanziri-Bolaka, Sere);

Au Sud et Sud-ouest, les Bantu (Mbimu, Issongo, Kaka, Bangando);

Les populations Centrafricaines.

Tout le centre et d’Est à ouest, le groupe Gbaya (Mandja, Bofi, Ali, Gbanu, Ngbaka-Mandja, Suma) et le groupe Banda (Linda, Ndi, Togbo, Langbasse, Yanguéré);

Dans les zones limitrophes il y a le groupe Mbum (Pana Karé, Talé), le groupe Sara (Kaba) et le groupe Nilo-saharien (Sabanga, Kreish, Lutto, Gula, Runga). Les Yulu et Kara sont réduits en quelques villages tandis que les Binga, Bongo, Challa et Pambia ont disparu.

Si les Pygmées ou «Babinga» sont sédentaires dans la forêt, les Peuls ou «Mbororo» par contre sont des éleveurs nomades.

Heureusement, toute cette panoplie d’ethnies est unie par une langue locale et nationale, le «Sangö» en plus du Français. En effet, toutes les deux langues sont officielles : le français depuis 1960 et le Sangö depuis 1963. Cette dernière, facile à apprendre, fut généralisée par le processus d’évangélisation. A ce propos, le professeur français Patrice Gourdin souligne que la RCA est un des rares cas en Afrique d’officialisation d’une langue qui n’était pas celle du colonisateur. Et donc, toujours selon le professeur, cette réalité constituerait un intéressant cas de ce qu’il appelle «diglossie», c’est-à-dire deux moyens linguistiques qui coexistent en une relation hiérarchique, et chacune assumant une fonction sociale distincte. De ce fait, on peut affirmer sans risque de se tromper que «la RCA a la fierté, plus encore, l’avantage de vivre la promotion d’une langue nationale».

6. Les prochaines élections… et la crainte du régime actuel.

Entre inquiétude et incertitude, les centrafricains se préparent à aller aux urnes le 27 décembre 2020, un calendrier vraisemblablement imposé par la communauté internationale qui trouverait très amère la facture d’une éventuelle transition.

Au delà des nombreuses frasques enregistrées lors des opérations d’enrôlements, et qui remettent d’ores et déjà en cause le processus électoral en cours, la liste actuelle des échecs du chef de l’État centrafricain s’allonge chaque jour davantage. Il lui est reproché  un mépris sans vergogne des principes fondamentaux de la démocratie et de la bonne gouvernance. Le Président Centrafricain à choisi par exemple de dialoguer avec les groupes armés, et refuse catégoriquement  une concertation avec les leaders de l’opposition réunis au sein de la COD2020 dont l’ancien Président Francois BOZIZE du parti Kwa Na Kwa, Anicet Géorges DOLOGUELE du parti URCA, Alexandre Ferdinand NGENDET du RPR et bien d’autres. Même son de cloche en termes de plaintes du coté de la société civile, et de certains autres partis politiques de l’opposition non partie prenante du COD2020 comme l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) de Michel AMINE qui jouit d’une grande popularité  au plan national, et dont le régime tient à tout prix à s’accaparer les militants, membres et sympathisants par tous les moyens.

A vrai dire selon certains sondages sur la population, et contrairement à la propagande officielle et aux déclarations des responsables de l’ONU et de l’Union africaine, le bilan du quinquennat de Faustin Archange TOUADERA est catastrophique. Le point d’orgue d’ailleurs aura été le fameux Accord de Khartoum, signé à Bangui le 6 février 2019.

La communauté internationale s’est accrochée invariablement à ce pacte de non-agression entre des parties n’ayant que des objectifs patrimoniaux et faisant peu de cas de l’intérêt national.

Tout ceci pousse à penser que la Centrafrique, un pays immensément riche, et dont la population vit pauvrement, est très loin d’être sorti de l’auberge.

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Par Fatoumata DIALLO

(Rédactrice section Afrique subsaharienne JA)

Reprise par VOX POPULI 236.


dimanche 21 juin 2020

RDC: Vital KAMERHE CONDAMNÉ A 20 ANS DE PRISON AU TERME D'UN PROCÈS SANS PRÉCÉDENT A KINSHASA.

Le directeur de cabinet du président Tshisekedi a été reconnu coupable, ce samedi 20 juin, de détournement de deniers publics et corruption aggravée.

 

Crédit-Photo: VOX-POPULI 236

C’est un procès historique qui s’achève. Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale et directeur de cabinet du président de la République, Félix Tshisekedi, a été condamné, ce samedi 20 juin, par le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe à 20 ans de travaux forcés – dans les faits, de prison –, la peine maximale, pour « détournement de fonds publics » et « corruption aggravée ». Il se voit aussi frappé de dix ans d’inéligibilité. C’est la première fois qu’une figure politique de cette importance est condamnée pour de tels faits en République démocratique du Congo.

Vital Kamerhe et son coaccusé, l’entrepreneur libanais Samih Jammal, sont donc reconnus coupables du détournement de près de 50 millions de dollars destinés au financement de maisons préfabriquées prévu dans le programme d’urgence des 100 jours lancé par le chef de l’Etat après son investiture le 24 janvier 2019.

Nombreux rebondissements

Depuis le 11 mai, tout le pays suivait la retransmission des audiences sur la RTNC, la chaîne de télévision nationale, qui avaient lieu dans l’enceinte de la prison centrale de Makala à Kinshasa. Le procès a connu de nombreux rebondissements depuis son ouverture. Plusieurs audiences ont été repoussées. Surtout, le juge Raphaël Yanyi, en charge du dossier, est mort brutalement et dans des circonstances suspectes fin mai. Après des rumeurs d’empoisonnement, le ministre de la justice, citant les résultats de l’autopsie, a, finalement, conclu à un meurtre causé par des coups à la tête. Des résultats contestés par la famille du juge.

Au début du procès, Vital Kamerhe et ses avocats s’étaient montrés combatifs et confiants. Ils affirmaient alors que le ministère public n’avait aucune preuve du détournement, et le responsable politique avançait qu’il n’était qu’un lointain superviseur du programme présidentiel. M. Kamerhe dénonçait un complot visant à l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2023, comme prévu par l’accord de Nairobi conclu avec Félix Tshisekedi en 2018.

La corruption également retenue.

Mais au fil des audiences, le procureur et la partie civile se sont efforcés de démonter la défense de M. Kamerhe. Selon eux, contrairement à ce qu’il affirmait, l’accusé était bien l’ordonnateur des dépenses du programme des 100 jours, faisant décaisser 59 millions de dollars alloués à la construction de 4 500 maisons préfabriquées avant même que les marchés ne soient autorisés et les avenants signés. L’argent ayant ensuite été retiré en intégralité par Samibo et Husmal, les entreprises de l’entrepreneur libanais Jammal Samih, lui aussi condamné à 20 ans de prison.

La partie civile a expliqué que le directeur de cabinet s’était « empressé » de faire sortir l’argent des caisses de l’Etat. Pourtant, les maisons n’ont pas été livrées. Un an après la commande, sur les 4 500 unités commandées, seules 211 sont arrivées, et elles ne sont pas terminées.

échange de l’attribution des marchés, au mépris des procédures légales. De plus, selon le procureur, Vital Kamerhe et sa famille ont acquis plusieurs biens immobiliers de grande valeur pendant cette même période, des biens qu’ils n’auraient pas pu acheter avec leur rémunération officielle.

Crédit-Photo: VOX-POPULI 236

« Les motivations sont politiques ».

Pour de nombreux représentants de la société civile, ce verdict marque un tournant dans la lutte anticorruption dans le pays. A l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), Valéry Madianga, l’un des responsables de l’ONG, salue une « grande victoire du contrôle citoyen ». Mais pour un cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe : « Il n’est qu’une infime partie d’un système qui manque de rigueur et de transparence. Il n’était pas seul, et il faut que ça aille plus loin si on s’attaque à l’impunité. »

Vital Kamerhe a déjà annoncé qu’il ferait appel de la décision au plus vite. Pour ses avocats, il a été « mal jugé » dans ce procès. « Le juge a appliqué la jurisprudence plus que la loi. Les motivations sont politiques », dénonce maître Kabengele Ilunga, l’un de ses avocats.

Les regards se tournent, désormais, vers la coalition au pouvoir, Cap pour le changement (CACH), qui réunit l’UNC et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du président Félix Tshisekedi. Pour certains, Vital Kamerhe aurait été « lâché » par son ancien allié. « Il risque d’y avoir une scission au sein du parti, entre ceux qui resteront fidèles à Vital, et ceux qui afficheront leur allégeance au président pour garder leurs postes », estime un membre de l’UNC. Le 19 juin, lors du 10e anniversaire de cette formation, le secrétaire général, Aimé Boji Sangara Bamanyirue, a affirmé que l’objectif était à présent de conserver le pouvoir « le plus longtemps possible et de façon la plus démocratique ».

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Par notre Correspondant depuis Kinshasa

André KOLONGO


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